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Rehabilitation et extension de Mairie  / Saint-Marcel / 2024

Un projet d’architecture s’inscrit dans la continuité d’existants, dans la mémoire partagée d’un lieu. Cette mémoire se construit sur un entrelacs de faits, formes et matérialités du tissu urbain, pleins et vides appropriables, expériences sociales et personnelles intériorisées. L’architecture est le tissu social, affectif et sensoriel premier de la vie des femmes et des hommes, mais également des autres espèces compagnes qui peuplent les villes. 

Intervenir sur des bâtiments emblématiques tels que l’ancienne École de Garçons inaugurée en 1866, devenue depuis la mairie de Saint-Marcel, et une maison typique du 19e siècle, c’est se poser la question de la mutation d’un héritage architectural, historique, mémoriel et affectif, d’un morceau de ville qui fait lien pour ses habitants. D’ailleurs, le terme «hôtel de ville» souvent convoqué pour définir une mairie, ne désigne t’il pas simplement une maison pour toutes et tous ? Un lieu d’accueil, réconfortant, d’information et de partage d’une mémoire (archives etc.). La réhabilitation et l’extension d’une mairie, équipement premier d’une ville, touche donc au plus près à la vie sensible de ses habitants. 

Une mairie, c’est également un bâtiment institutionnel, qui de par son emplacement stratégique, à proximité d’une église et de sa place (avant séparation de l’église et de l’État en 1905), se présente par ses proportions et son style souvent classique (les ordres architecturaux, symbole d’un ordre institutionnel), comme un des bâtiments les plus importants et les mieux placés d’une ville. Son échelle doit donc différer des bâtiments qui l’entourent et son style doit le rendre visible et identifiable. 

Le projet consiste à conserver l’aspect patrimonial et mémoriel de deux bâtiments distincts, l’École de Garçons dans son entièreté, et les façades de la maison, mais de les faire communiquer par une architecture qui les lie programmatiquement (ce que peinait à faire l’ancien projet de hall d’accueil). Pour des raisons fonctionnelles, la volonté de la maîtrise d’ouvrage d’égaliser les niveaux de planchers entre les deux bâtiments sur la base de ceux de l’École de Garçons, nous a beaucoup questionné, notamment parce que les planchers projetés passent devant les baies de l’ancienne maison. Il nous semblaient particulièrement mal venu d’être obligés de conserver des façades sans qu’elles ne correspondent à un programme intérieur. L’acte premier du projet, a donc été de penser comment rendre intelligible la plus belle façade (nord) de la maison en lien au programme. Pour ce faire, le projet fait de l’espace intérieur attenant à cette façade, une circulation verticale majestueuse où par un jeu de paliers intermédiaires, nous connectons l’escalier au niveau de chaque triplette de baies qui ornent la façade nord. Par ce choix, une des contraintes du projet devient le support d’un espace atypique qui lie clairement toutes les entités du programme. Toujours pour mettre en valeur cette façade, nous souhaitions la laisser visible depuis la Grande Rue qui borde les parcelles du projet au nord, et qu’elle conserve son rapport à sa cour/jardin originel. Selon la logique de laissées visibles les façades nord et sud de la maison, nous avons décidé de projeter l’extension dans le prolongement Est de la maison en respectant les alignement de ses façades et la limite parcellaire sud. Le volume de la maison associé à celui de l’extension est d’une dimension semblable à celui de l’École de Garçons, et crée ainsi un front bâti clair qui définie d’autant plus la place de l’église. 

Pour continuer, afin de mettre en valeur les deux bâtiments conservés, à la matérialité de pierre enduite à la chaux, il paraît important que l’entrée se fasse par l’entre deux ou faille laissée vacante par la démolition du bâtiment d’entrée actuel, et que ce vide soit comblé par une architecture plus ouverte et transparente, accueillante en somme. Aussi, pour contrebalancer avec la rigidité de l’architecture classique qui composent les bâtiments existants, une réinterprétation des lambrequins aux formes arrondies crée une peau et une identité aux nouvelles parties construites. Par l’usage de teintes ocres, proches de celles des enduits locaux traditionnels à la chaux, nous conférons à l’ensemble des bâtiments, anciens et nouveaux, une identité commune, monolithique, sans pour autant masquer les différentes strates constructives qui restent bien visibles, toujours dans une logique d’intelligibilité et de compréhension du bâti. La toiture de la maison est supprimé, et remplacée par un attique qui lie la maison et l’extension. Par cette nouvelle toiture, l’ensemble prend un caractère institutionnel uni. La maison n’est plus seule. À ce titre, dans le but de créer une entité «mairie» reconnaissable, nous avons réinvesti l’ardoise pour couvrir la toiture de ce nouveau bâtiment «maison-extension» en écho à la toiture de l’École de Garçons. Par le jeu des matériaux convoqués, et de l’identité plurielle des bâtiments, la nouvelle mairie de Saint-Marcel est un bâtiment unique qui met en scène les différents strates constructives de son histoire, et démontre qu’il est possible de créer une identité par une diversité historique et architecturale. 

Construire dans la continuité Est de la maison existante, c’est assumer une façade avant et une façade arrière à la mairie. Côté Sud un front bâti tient la place de l’église sur toute sa longueur, et côté Nord c’est assumer un paysage composé de jardins, rappelant ceux qui existaient notamment derrière la maison. D’un côté un parvis et une place minérale marquant l’entrée de la mairie dans un rapport frontal à la place de l’église et d’un autre côté, une zone apaisée, largement végétalisée servant de pause détente aux usagers et au personnel de la mairie, de jardins paysager aux habitants de la commune, et mettant à distance du bâtiment la Grande Rue très passante. Cette grande frange végétale à été rendue possible par une interprétation du programme que nous proposons dans ce projet. 

L’autre proposition forte et singulière du projet est d’avoir placé la salle de conseil en R+2. En effet, nous pensons qu’il est peu propice de vouloir placer une salle qui est très ponctuellement utilisée en rez-de-chaussée avec un accès direct à l’extérieur, alors qu’un des enjeux contemporains est la Zéro Artificialisation Nette (ZAN). Cependant, pour répondre aux conditions d’usages de cette salle, le noyau de distribution vertical est rendu autonome, et toutes les portes qui donnent sur les autres entités de la mairie se ferment en dehors des horaires d’ouverture de celle-ci. Ce parti pris nous permet de libérer de la surface au sol, et donc de ne pas artificialiser des terres. Outre ce point essentiel, la grande salle de conseil proposée à l’étage permet de jouir d’un cadre de réception exceptionnel, offrant une vue remarquable sur l’église classée au titre des monuments historiques. De la montée de l’escalier majestueux établi sur une triple hauteur, à l’arrivée dans cette salle traversante et rythmée par un jeu de chevronnage, le parcours met en avant autant les qualités architecturales dans l’ancien que dans le nouveau. 

Pour des raisons fonctionnelles liées au programme, en lieu et place du bâtiment central qui servait d’entrée à la mairie et qui s’étirait jusqu’à la limite parcellaire nord qui borde la Grande Rue, le projet propose un bâtiment sur deux niveaux, qui accueille en son rez-de-chaussée les locaux techniques parfaitement centré par rapport au plan, et à l’étage, les archives centralisées, placées au milieu du Pôle Tertiaire. Fonctionnellement le plan est optimal. Ce bâtiment, sert aussi de pont entre l’Ecole de Garçons et la maison puisque la volonté de la maîtrise d’ouvrage est dans égaliser les niveaux de planchers. Le bâtiment central d’une certaine hauteur divise la frange végétale nord et permet d’identifier clairement deux jardins : un pour l’École de Garçons, et un autre pour le bâtiment maison/extension. Reviendra à la mairie de Saint- Marcel de les embellir pour tenter de glaner une nouvelle fleur au concours des Villes et Villages Fleuris.

 

En guise de synthèse, le projet s’appuie sur les qualités intrinsèques des bâtiments existants pour en faire des forces du projet. D’un côté l’École des Garçons est intégralement conservée, et accueille des bureaux qui y trouvent parfaitement leur place dans la trame des ouvertures de façades destinées à éclairer fut un temps des salles de classes. La maison conservée sert de distribution verticale, mais également d’espace «servant» à l’ensemble du projet. L’extension à l’est, dont l’attique vient couvrir la maison, permet de fédérer l’ensemble bâti sous une nouvelle écriture. 

Maîtrise d'ouvrage : Ville de Saint-Marcel

Maîtrise d'oeuvre : Haptomai Architectes mandataire

Bureaux d'études : Arborescence_Maya construction durable_Echo Acoustique_Economia _Gien Pinot VRD

Programme : Réhabilitation et extension d'une Mairie

Surface : 1200 m2 

Budget : 3,2 M €

Stade : concours

Perspectives : © Mioviz

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